Accueil Editorial Démission de Jacob Zuma: tic tac tic tac…

Démission de Jacob Zuma: tic tac tic tac…

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Jacob Zuma sur la fin (Ph. timeslive.co.za)

Les dernières heures d’un zoulou! C’est le scénario qui se joue actuellement dans une Afrique du sud où Jacob Zuma fait de la résistance à la tête d’un pouvoir qui lui a visiblement échappé. Il en serait arrivé à des négociations pour essayer de s’en sortir sans perdre le peu de plume qui lui reste. Quelles conditions pourraient bien mettre Jacob Zuma, dans la balance de la démission que lui exigent les gardiens du temple de l’African National Congress? La mythique ANC, construite dans le sang par les Nelson Mandela, Walter Sisulu, Oliver Tambo, Kgalema Motlanthe, pour ne citer que ceux-ci  mais de plus en plus détricotée par les nombreux scandales de corruption d’un Jacob Zuma aux mœurs très légères? Comme son ami Robert Mugabe qui a dû abandonner un fauteuil présidentiel qui finalement se confondait avec son patrimoine personnel après 30 ans de règne sans partage ; Jacob Zuma va sans aucun doute chercher une sortie avec le maximum de garanties sécuritaires pour lui et sa famille. A ce titre, la démission en douce, ne lui ferait que du bien, s’il veut encore espérer une quelconque magnanimité, ou tout au moins une indulgence de la part d’un peuple sud-africain désabusé par ses frasques et des faucons de l’ANC déçus et horrifiés par sa gouvernance catastrophique sur les bords.

Alors que le pays entier retient son souffle et que tous les faits importants, même le traditionnel et très attendu discours sur l’état de la nation, ont été reportés, fait inédits sine die, le président sud-africain tire toujours la corde, croyant encore au miracle. Bien qu’ayant fait l’unanimité contre sa personne, et essayé sans succès de passer le témoin de la présidence de l’ANC, sous la couette à son ex-femme et mère de ses enfants, Nkosazana Dlamini-Zuma, Zuma se croit encore investi du pouvoir de diriger l’Afrique du sud. Un pouvoir certes légal qui devrait arriver à termes en 2019, mais frappé désormais du sceau de l’illégitimité. «Zuma must fall», ne manquent d’ailleurs pas de claironner l’opposition et surtout les troupes à Julius Malema, pour contraindre le chef de l’Etat à la sortie. Toutefois, il serait plus qu’opportun d’éteindre cette crise qui ne fragilisera que davantage l’ANC, et pourrait replonger l’Afrique du sud vers des lendemains incertains. Cyril Ramaphosa qui affirme avoir des «discussions constructives» avec le président résistant, en est sans doute conscient, tout comme il ne perd pas de vue qu’il doit diriger le parti, et sans doute bientôt le pays avec des hommes à Zuma. Ce serait donc suicidaire de sa part de créer la chienlit qui pourrait, à défaut de l’emporter lui-même un jour, l’empêcher de réussir l’opération de réhabilitation de l’ANC. Et plus qu’une victoire pour Cyril Ramaphosa, la démission de Jacob Zuma devait plutôt être un nouveau départ pour l’ANC.

Cette bourrasque sociopolitique au sommet constitue la preuve que les fondements de l’Afrique du sud, devenue nation Arc en ciel après avoir vécu la période très sombre et meurtrière de l’apartheid, demeurent très fragiles et en rajouter aux souffrances du peuple toujours soumis à un chômage endémique et connaissant un fort taux de criminalité, serait lui faire faire vivre l’enfer sur terre. Mais la question demeure entière: à quand le départ de Jacob Zuma?

Par Wakat Séra