Accueil A la une Tabaski 2021 : commerçants cherchent clients

Tabaski 2021 : commerçants cherchent clients

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Ami Sawadogo, vendeuse de légume au grand marché de Ouagadougou

Deux mois et dix jours après la fête de Ramadan, les fidèles musulmans du monde entier vont célébrer demain mardi la fête de Tabaski, encore appelée fête du mouton. Ce lundi 19 juillet 2021, la ville de Ouagadougou s’est réveillée au rythme des préparatifs de cette fête de l’Aïd el-Kebir, la plus importante des fêtes musulmanes. Dans les commerces et étables du marché de Zogona et du Grand marché, les commerçants Ouagalais crient à la morosité du marché.

Depuis quelques jours la fête du mouton est au menu des échanges dans les ménages, les marchés et autres espaces de la ville de Ouagadougou. Pendant que les fidèles musulmans se préparent pour festoyer demain, une équipe de Wakat Séra a fait un tour, ce lundi matin, dans le marché de Zogona, et dans le grand marché, pour appréhender comment les Ouagalais préparent cette fête d’envergure mondiale du fait de son statut dans la religion musulmane.

« Pour le moment nous-mêmes on se cherche »

Idrissa Soré, vendeur de pagne à l’entrée nord du grand marché de Ouagadougou

Il était neuf heures environ lorsque nous sommes arrivés au marché de Zogona, un quartier populaire non loin de l’Université Pr Joseph Ki-Zerbo. Plusieurs commerçant(e)s, occupaient à cette heure de la matinée leur siège devant leurs commerces et étables. C’est l’exemple de Adama Taïta, un boucher installé dans la boucherie de Zogona, située à l’extrême droite du marché. Débout entre ses deux employés qui découpaient en morceau la viande à coup de machettes et de couteaux, Adama Taïta nous a fait savoir que pour cette fête de tabaski, les affaires ne marchent pas.

«Ça ne va pas, il n’y a pas de marché. Vous-mêmes vous voyez (en indiquant sa main la devanture de sa table) il n’y a personne, pourtant demain c’est la fête. Mais comme c’est la fête du mouton, on ne peut rien dire. Pour le moment nous-mêmes on se cherche ; il n’y a pas de marché et la viande est chère », nous a-t-il confié. Il n’y avait effectivement aucun client devant sa boucherie au moment que nous le quittions. Seulement c’est chez son voisin, un autre boucher, qu’il y avait quelques clientes qui marchandaient de la viande pour la cuisine.

Salif Segda, tailleur au marcher de Zogona

A quelques dizaines de mètres nous avons débouché sur un atelier de couture. Son instrument de mesure autour du cou, le propriétaire du lieu, Salif Segda, avec son fer à la main faisait le repassage d’une combinaison qu’il venait sans doute de terminer. Des ensembles de certains clients déjà cousus occupaient des mannequins installée au coin de son atelier de couture. Quelques pagnes non encore cousus occupaient un carton sous une table.

Selon M. Segda, il n’y a pas de quoi se plaindre pour les préparatifs de cette fête. En ce qui le concerne, « on peut dire Dieu merci. Les gens disent qu’il n’y a pas d’argent pour fêter, mais nous avons quand même pu travailler. Nous avons eu un peu de travail », affirme-t-il en ajoutant « voici que nous avons cousu des vêtements pour accrocher, et d’autres sont déposés dans l’armoire ». Selon ce couturier il a réussi à satisfaire certains clients qui sont déjà rentrés en possession de leurs vêtements, en dehors, cependant, des clients dont les vêtements sont toujours à coudre, mais qui les veulent après la fête.

« Le marché est plein, mais il n’y a pas de client »

Au grand marché de la capitale burkinabè que nous avons rallié à 10h 30h environ. A l’entrée nord du marché, nous avons trouvé Idrissa Soré, un jeune à la trentaine d’années bien sonnée, entouré de quelques clients qui s’informaient sur le prix des pagnes qu’il vendait. il confie qu’il n’avait pas l’habitude de venir dans ce lieu pour vendre ses pagnes. S’il l’a fait aujourd’hui, c’est du fait de la fête de tabaski qui s’annonce demain. Il est venu dans l’espoir de pouvoir beaucoup vendre, parce qu’il estime que c’est le lieu où beaucoup de gens viendront faire leurs achats.

Adama Taïta, au milieu de ses deux employés à la boucherie de Zogona

Par rapport à la Tabaski de l’année passée, M. Soré estime que pour cette année, ça ne va pas. « Nous arrivons à avoir des clients mais pas assez. Cette année on dirait que tout le monde se cherche ; c’est compliqué. Nous gagnons le nécessaire. Mais nous-mêmes nous savons que l’année passée était mieux que cette année ». A l’en croire, l’année passée il avait réussi à vendre ses pagnes à l’approche de la tabaski plus que cette année. « Le marché est plein, mais il n’y a pas de client. Ils rentrent mais ils ne paient pas », a-t-il regretté.

Chez Ami Sawadogo, vendeuse de légumes aussi installée dans le grand marché, a tenu presque les mêmes propos. « Il n’y a pas de client », nous dit-elle. Pour elle aussi, à la tabaski de l’année passée elle avait réussi à vendre plus que cette année. Le prix des condiments n’a pas changé, c’est seulement qu’il n’y a pas d’acheteur. « Mais on attend toujours, on espère que d’ici-là les gens vont venir acheter. Sinon pour le moment, c’est un peu un peu », a-t-elle terminé .

Par Oumpounini MANDOBIGA (Stagiaire)