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Putsch manqué: «J’ai contribué à réduire le nombre de cas de meurtre» (Col-major Kéré)

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Le colonel-major Boureima Kéré, ex-chef d’état-major particulier de la présidence du Faso sous la transition, a soutenu ce vendredi 16 novembre 2018, devant la Chambre de jugement du Tribunal militaire burkinabè, qu’il a «contribué à réduire le nombre de cas de meurtre et de blessés», au moment des événements du 16 septembre 2015 et jours suivants.

A la quatrième journée de son audition qui a porté, notamment, sur les faits de meurtre, coups et blessures, le colonel-major Boureima Kéré a confié au tribunal, qu’au moment des événements, il a «contribué» à éviter qu’il y ait plus de morts et de blessés, rejetant ainsi ces charges qui lui ont été notifiées.

«Je crois avoir contribué à réduire le nombre de cas de meurtre et de blessés en envoyant des hommes secourir la famille de l’ex-président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo (quand sa maison a été pris d’assaut par des manifestants pro-putsch) et en faisant appel à la gendarmerie quand il y avait des échauffourées à l’hôtel Laïco», a déclaré le colonel-major Kéré qui jure «sur (son) honneur militaire» que tout ce qu’il dit est «la vérité». «Je ne peux pas mentir», a-t-il poursuivi.

L’inculpé qui a reconnu, au cours de l’instruction en barre d’audience, avoir signé le communiqué faisant le général Gibert Diendéré le président du Conseil national pour la Démocratie (CND), a soutenu que cet acte qu’il a posé «n’était pas déterminant» en ce qui concerne la consolidation du coup d’Etat. Selon lui, même s’il n’apposait pas sa signature sur ce document, «d’autres personnes allaient le faire» car «tout était mis en branle».

Au cours de l’audience de ce vendredi, le colonel-major Boureima Kéré est resté sur sa déposition concernant la médiation qu’il aurait menée lors des événements du 16 septembre 2015 et jours suivants, visant à apaiser la situation qui prévalait.  «Nous avons travaillé à inverser la tendance» mais, selon lui, la hiérarchie a utilisé cela contre eux en les «humiliant».

«Moralement, l’attaque du camp Naba Koom II, le 29 septembre 2015, n’est pas acceptable. On ne devait pas bombarder comme si c’était une armée étrangère. Ceux qui l’ont fait avait des frères au RSP (Régiment de sécurité présidentielle). Ce n’était pas nécessaire car les hommes avaient accepté le désarmement et certains s’étaient rendus. C’est comme s’il y avait un manque de confiance», s’est exprimé à la barre l’ex-chef d’état-major particulier à la présidence du Faso.

Il a déclaré avoir été «trop humilié» lors des événements, car il aurait «été traité comme un malpropre». «C’est frustrant», a-t-il dit, confiant au tribunal, que lorsqu’il a été démis de ses fonctions, avant même la passation des charges avec son remplaçant, «la hiérarchie militaire a envoyé la gendarmerie sceller (son) bureau». Pour l’accusé, il n’est pas du devoir de la hiérarchie militaire de poser un tel acte.

L’audience a été suspendue et reprendra le mercredi 21 novembre 2018.

Décès de la mère d’un avocat de la défense

Au cours de l’audience de ce jour, le bâtonnier Me Antoinette Ouédraogo a informé le tribunal du décès de la mère de Me Mathieu Somé, avocat du général Diendéré. La levée du corps est prévue le samedi 17 novembre 2018 et l’enterrement le dimanche 18 novembre à Dano (Sud-ouest burkinabè).

Le bâtonnier a sollicité que la journée du lundi 19 novembre soit donnée aux avocats afin qu’ils puissent soutenir leur confrère dans ces moments douloureux. Le tribunal a accédé à la demande, mais a déclaré «la journée du jeudi ouvrable» en ce qui concerne la tenue des audiences, en vue de permettre à des avocats venus de l’extérieurs pour défendre le bâtonnier Me Mamadou Traoré, de le faire, afin qu’ils puissent vaquer à d’autres occupations.

Par Daouda ZONGO